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VIETNAM

Hô Chi Minh Ville - Les hauts et les bas de la capitale

Ben Tre - Perdue dans le Delta

Dalat - La famille Dalat

Hoi An - La ville aux lanternes

Phong Nha Ke Ban - Miracle géologique

Hanoï - Jardins en fleurs et poupée de cire

Baie d'Along - Salutation au serpent

Sapa - Les limbes du Vietnam

Hô Chi Minh

LES HAUTS ET LES BAS DE LA CAPITALE

Février 2014

    Hô Chi Minh ville (encore parfois appelée Saïgon sur certains papiers officiels) a un air de Paris, avec l’extravagance de New York, parsemée de bâtiments d’Indochine. J’ai beaucoup de plaisir à me promener dans les ruelles qui ressemblent à de mini villages, et discuter avec les commerçants, qui ont beaucoup de mal à concevoir qu’on puisse prendre deux mois de vacances. Mes pérégrinations m’amènent dans le quartier de l’opéra où l’on peut voir des magasins comme Ralph Lauren et Louis Vuitton, en contradiction avec tout ce que j’ai vu au Laos et au Cambodge. J’entre dans un magasin de tapis faits en soie où le vendeur m’expose sa théorie qui dit qu’on n’achète pas un tapis, on le marie. Avec lui, c’est le bonheur assuré pour moi et toute ma famille, pour au moins trois générations. C’est tentant, mais j’ai pas 700$ sur moi. Ma promenade me fait ensuite passer devant des supermarchés remplis de produits occidentaux. Comme si le monde voulait toujours ce qui vient d’ailleurs.

 

 

    La poste est un grand bâtiment de type français. Ici, les enveloppes n’ont pas de bande autocollante, mais des pots de colle sont mis à disposition, avec des pinceaux. Des étudiants m’abordent et me demandent s’ils peuvent pratiquer leur anglais avec moi. Souvent ils me récitent leurs questions mais ne comprennent pas ma réponse. C’est pas grave, ça fait plaisir à tout le monde.

 

 

    Un chauffeur à moto me propose de me faire visiter la ville. Il me montre un cahier rempli de bons mots de clients satisfaits. On convient de 100 000 dongs par heure, soit 5$. Il me montre une feuille sur lequel est écrit son tarif habituel de 200 000 dongs, mais il me fait un prix, parce que j’ai une bonne tête. Il m’amène de l’autre côté du fleuve pour voir la ville dans son ensemble, me montre différents quartiers, puis on va prendre une bière dans un bar de trottoir, où le monde est assis sur des mini tabourets autour d’une table basse. Je suis la seule touriste et le monde me regarde avec curiosité. Mon guide me dit que les autres m’appellent “long nez”, mais que c’est affectueux. C’est dans cet instant de convivialité qu’il me demande d’écrire à mon tour mon appréciation dans son cahier.

 

    Ça fait deux heures qu’on se promène et je mets un terme à la promenade. Au moment de payer, il me demande 1 000 000 dongs, soit 50$. Un rabais qu’il me dit. Je peux traverser le pays avec cette somme ! Et je me rappelle bien lui avoir répété plusieurs fois notre accord de 100 000 dongs au début, mais il refuse de l’admettre. Il me montre à nouveau la feuille avec son tarif, que je soupçonne être différent du premier. Je finis par luis donner l’équivalent de 20$ et il part en me traitant de voleuse. Plus tard, on me dit que c’est courant comme arnaque, qu’il faut écrire sur papier le prix décidé en négociation. Difficile de faire confiance au monde après ça, et c’est dommage.

 

    La visite des tunnels de Cu Chi est une expérience éprouvante. Creusés initialement sur 20 kilomètres par le Viet Minh sous l’Indochine française, le Viet Công l’a développé durant la guerre pour en faire un réseau de 250 kilomètres souterrain. Cette architecture intelligente et impressionnante servait essentiellement de base d’opération et de stockage, et permettait aux utilisateurs d’apparaître et de disparaître comme par magie face à l’ennemi. Les visiteurs se prennent en photo devant les chars d’assaut, tout sourire, devant des instruments de torture, tout sourire, entrant dans les tunnels, tout sourire. Certains tentent même de se prendre en photo dans la noirceur des tunnels dans lesquels on nous fait ramper. J’échappe à ce piège claustrophobique à la première occasion. Toute la visite se fait avec des coups de feu comme son d’ambiance, parce qu’au bout du chemin se trouve un stand de tir. On peut y choisir son arme, parmi de bons vieux gros fusils, et sa cible. On attend que les hommes en pleine compensation en finissent, en regardant la boutique de souvenirs, avec divers objets fabriqués en munitions recyclées.

    Cette fois, la guerre est réellement transformée en parc d’attraction. La volonté de divertir est plus forte que celle d’éduquer; ou bien c’est moi qui suis trop sensible.

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Ben Tre

BEN TRE

PERDUE DANS LE DELTA

Mars 2014

        Dans mes recherches de recommandations sur le delta du Mékong, on m’a conseillé d’aller à Ben Tre, une petite ville tranquille et charmante hors des sentiers touristiques. Et c’est exactement ce que je vais y trouver; tellement hors des sentiers qu’elle va devenir un vrai défi. J’avais préalablement repéré un hôtel par internet, mais le chauffeur du bus ne sait pas vraiment où m’arrêter. Le nom ne lui dit rien; ne dit rien à personne. Il m’arrête donc aléatoirement dans la ville. La seule personne qui parle anglais est un homme qui essaie avec beaucoup d’insistance de me vendre un forfait de deux jours de visites guidées avec hébergement inclus, mais je suis frileuse depuis mon altercation avec le chauffeur à Hô Chi Minh. Je marche une heure dans les rues, sans rien comprendre aux enseignes. À ce niveau là je suis prête à déposer mon sac n’importe où, mais je n’arrive pas à discerner de bâtiment qui servirait d’hébergement. Quand ô miracle, je vois un confrère aux yeux ronds sortir d’une maison. Il quitte la ville, mais me conseille vivement l’auberge d’où il vient de sortir et me dit où trouver à manger. Mon sauveur.

        La gardienne de la place est une femme très souriante à qui on voudrait donner le monde. Elle ne parle pas anglais, mais me tend une feuille décrivant les types de chambres disponibles. Je m’y sens déjà comme chez moi.

      Je m’autodigère, tout en marchant encore un long moment. Pas de restaurant, et acheter quelque chose au marché revient à consommer de la pieuvre crue ou croquer dans un ananas, ça ne me tente pas. J’essaie aussi de poser des questions sur comment visiter les îles flottantes ou l’usine à noix de coco, ou bien tout simplement comment quitter la ville plus tard, mais rien n’y fait. Le monde, au lieu de montrer qu’ils ne comprennent pas, indiquent une direction aléatoire d’un geste de la main. Ça peut parfois être très frustrant!

        Je finis par trouver un supermarché et m’y achète des biscuits et de la vache qui rit, que je mange sur un banc dans le parc d’en face. Le monde aux alentours me dévisage. Le pique-nique n’a pas l’air d’être une coutume par ici. Je savoure mon repas gastronomique en me disant que je vais devoir m’y habituer, puisque je n’ai aucun moyen de quitter cette ville. Je serai la légendaire et intrigante femme qui mange du fromage en pâte sur le banc du parc.

        Je sais qu’il y a plein de choses à voir ici, je ne sais juste pas comment faire… Finalement je passe devant un soi-disant centre touristique. Pour les visites, on me dit d’aller à un hôtel sur le bord de l’eau. Pour le bus, je dois aller à la station dont on m’indique la direction. L’hôtel a l’air d’un palace, avec beaucoup d’étoiles, et les excursions qu’il propose sont au prix de mon budget de voyage. Je ne sais même pas où sont ses clients quand ils ne sont pas à l’intérieur. Pas le genre à se promener en ville. Par contre, près de là, je trouve une place qui loue des vélos et en prends un pour les deux prochains jours. C’est avec lui que je trouve la station de bus, pas vraiment là où on m’avait dirigée. Il y a un départ chaque matin pour Dalat, ma prochaine destination, mais les billets ne peuvent s’acheter que le jour-même…

    Le reste de la journée, j’arrête d’essayer de trouver des choses pour juste me laisser porter par la ville. Les rues sont bien jolies, et je tombe par hasard sur une fête foraine en pause. Les fleurs embaument l’atmosphère, et alors que mon estomac crie encore famine, je vois le mot magique “pizza” en néon. Le restaurant est simplement un petit renfoncement aussi grand que ma chambre, aux murs peints de paysages de l’Italie. Pendant que j’admire l’endroit, un femme sort de nulle part me colle un téléphone à l’oreille. À l’autre bout du fil, une femme me parle en anglais, et me demande ce que je veux sur ma pizza. La première me fait signe de m’asseoir. Quinze minutes plus tard, un être miniature arrive sur une moto, avec dans la main la plus belle pizza du monde. 

        Elle s’appelle Thuy et a apporté ses albums photo qu’elle me montre pendant que je dévore. Elle me raconte qu’il y a un an, elle est allée faire un stage à Genève avec le célèbre cuisinier Fo Boucose. Qui? Je viens de heurter son âme enthousiaste et ça me fait aussi mal. Paul Bocuse!!! oui je vois qui c’est, félicitations! Elle a visité Lyon aussi, que je connais bien, et elle me parle avec passion de l’Europe, du fond d’un mini restaurant dans le delta du Mékong.

 

          Le lendemain, je pars tôt faire un tour de vélo. J’ai pris une photo d’un plan que j’ai trouvé des environs pour aller visiter une ferme d’abeilles, une usine à noix de coco et les villages flottants. Ça a l’air simple, il me suffit de suivre le bord du fleuve. En plus Thuy m’a noté des phrases pour demander mon chemin. Évidemment, ce plan n’est pas plus utile que tous les autres. La route est belle, mais assez vite elle m’éloigne de l’eau et je me retrouve dans des ruelles de cocotiers. Le papier de Thuy ne parle pas au monde que je croise. Pour toute réponse à mes questions, un signe de main qui signifie je ne sais pas, va voir ailleurs. J’arrive miraculeusement à trouver l’usine de noix de coco. Tout le fruit est utilisé: le jus pour boire comme eau ou faire du lait, la noix comme bois, l’écorce comme toit et la feuille comme balai. J’y croise une famille française. Leur guide m’inclut dans la visite de la fabrique et nous fait goûter du vin de banane, de coco et… de serpent. Il me dit aussi que la fabrique de miel n’existe plus et que les villages flottants sont bien trop loin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         Tant pis, je retourne en ville. Sur le chemin, ce que je redoutais arriva, la chaîne de mon vélo se bloque. Je tente de la réparer, mais sans succès. Je montre mes mains huileuses à une femme qui se repose dans son jardin et dont le fils d’environ deux ans boit l’eau d’un tuyau d’arrosage (je suis jalouse de son système immunitaire). Elle me sourit et accepte que je me nettoie au dit tuyau d’arrosage. 

Je marche à côté de mon vélo quand un homme me fait signe. Il veut m’aider à réparer la chaîne. En peu de temps, cinq gars et une caisse à outils trafiquent mon destrier pendant qu’on m’assoit à une terrasse. Pour leur peine, je commande à boire. Aucune boisson présentée ne m’est familière, et je choisis celle couleur bonbon. La tenancière me la sert dans un verre plein de glace. J’espère que mon estomac est en plâtre maintenant. Quelques gorgées me font battre le coeur à plein puissance. En examinant la bouteille, je remarque ces mots en tout petit : energy drink. 

         Après vingt minutes de tentatives, les hommes renoncent. La chaîne est débloquée, mais le vélo inutilisable. C’est pas grave, parce que maintenant j’ai l’énergie de marcher au moins cent kilomètres. J’étonne encore plus les locaux sur le chemin, qui me miment que je devrais être sur le vélo, et non marcher à côté. J’ai peur pour la caution que j’ai laissée chez le loueur. Je laisse fourbement le bicycle à l’extérieur de la boutique et y entre l’air de rien. L’employé d’aujourd’hui est un homme, à l’anglais impeccable. Il me demande pourquoi je n’ai pas demandé conseil avant sur des destinations de balades ? C’est pas que j’ai pas essayé garçon, mais l’un dans l’autre, j’ai passé une très bonne journée. Il me dit de ne pas prendre le bus local pour Dalat, mais un express pour Hô Chi Minh, et de là un autre bus. Ouin, encore une indication différente. Mais il écrit des notes sur un papier à donner à la femme de mon auberge, pour qu’elle m’organise un pick up. Cette fois ça marche, et ça m’évite d’aller le lendemain à pied à la gare qui est à l’autre bout de la ville.

          Pour mon dernier repas, je retourne voir Thuy parce que, un, c’est bon; deux, elle est gentille; et trois, je ne sais pas où manger ailleurs de toute façon. Après le repas, elle m’emmène boire une bière sur des mini tabourets sur le trottoir du “bar” du coin.

 

             Ben Tre, tu es pleine de surprises.

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Dalat

LA FAMILLE DALAT

Mars 2014

      À mon arrivée à Dalat, je suis étonnée par la fraîcheur de l’air. Située à 1500 mètres d’altitude, la ville a été fondée pendant l’Indochine par les colonisateurs français, pour son climat doux qui permet de faire une pause de la chaleur de la capitale. Elle ressemble énormément à Annecy, dans les Alpes françaises, la ville de mon enfance, et c’en est un peu perturbant. 

      À la sortie du bus, une moto me mène à l’auberge Dalat family qui m’a été chaudement recommandée. À peine passée la porte, je me retrouve dans ce qui ressemble à une grande réunion de famille internationale, et avant toute question, une femme me prend par le bras, m’assoit et me tend une assiette. La place est tenue par une mère qu’on appelle tous mama, et ses deux filles. Le dortoir est un rassemblement de matelas posés au sol dans une pièce sous pente, où je vais étonnamment très bien dormir. On doit s’enjamber pour circuler, mais c’est pas grave, on est une famille. Le soir, on se retrouve tous dans la pièce commune pour savourer le repas cuisiné par mama. L’ambiance est extrêmement conviviale et j’y rencontre ma nouvelle partenaire de voyage: Liz, de Boston. En quelques minutes, je la suis dans son inscription pour une journée canyoning demain!

 

      Ça faisait très longtemps que je voulais essayer ça. On est un groupe de six accompagné de deux guides très prévenants. Après un cours de descente en rappel, on se lance. D’abord dans des cascades sèches, puis dans d’autres aquatiques. Je ne m’attendais pas à cette force des chutes d’eau, qui confère à la descente une épreuve physique intense et plaisante. Je ne m’étais jamais senti autant au contact avec l’eau (qui n’est pas mon élément favori). La dernière descente s’appelle la machine à laver, et je comprends pourquoi on la faisant. Arrivé au bout de la corde, on doit se laisser tomber et le courant nous emporte se faire maltraiter un bon trois secondes sous l’eau, jusqu’à ce qu’il nous relâche à la surface. Les descentes sont entrecoupées de marches dans la montagne et de riversliding (on s’allonge dans un couloir d’eau et on se laisse emporter dans les rapides). Quelle magnifique journée!

 

      Le lendemain Liz et moi faisons appel à des chauffeurs à moto pour visiter la région. Les paysages sont magnifiques. On nous montre des serres de fleurs (Dalat est apparemment un des principaux fournisseurs du pays), une plantation de café avec plein de chats sauvages en cage, une fabrique de soie aux milliers de cocons et la cascade des Éléphants. Elle est difficile à accéder; il faut escalader ce qui fut autrefois des marches, mais ça en vaut largement l’effort.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Le Vietnam est un pays fait en longueur, que les voyageurs explorent du nord au sud ou du sud au nord, suivant plus ou moins le même chemin. C’est grâce à cela que je vais croiser régulièrement ma nouvelle Dalat family, les autres convives de cette auberge fabuleuse.

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Hoi An

HOI AN

LA VILLE AUX LANTERNES

Mars 2014

        Après une escale de quelques heures dans la villégiature russe de Nha Trang, Liz et moi embarquons dans un bus de nuit pour Hoi An. On y retrouve plusieurs membres la Dalat family, avec qui on va errer dans les rues, les magasins et le bar (le Why not bar et ses bières à 50 sous). 

        Hoi An est splendide, elle a une architecture intéressante et une ambiance paisible et réconfortante. Avec Liz on suit d’abord notre famille dans une grande auberge en plein coeur de la ville pour les deux premières nuits, puis déménageons au bord de la mer de Chine dans l’envoûtante auberge Under the coconut tree. C’est un ensemble de petits bungalows aux toits de paille, au bord de la plage. Le genre d’endroit où on se sent immédiatement chez soi. Elle est un peu loin de la ville mais c’est pas grave, puisqu’il y a toujours quelqu’un prêt à te faire faire le trajet à l’arrière de sa moto pour une modique somme. 

 

        La ville est comme un exotique, plein de ruelles et de lanternes. Il y a un quartier historique dans lequel on peut se perdre des heures. Un peu à l’écart, dans ma recherche d’un nouveau roman, je suis tombée sur une librairie tenue par un américain. La boutique, qui ressemble au grenier d’une vieille maison, contient des ouvrages dans plusieurs langues. Le propriétaire nous invite à discuter quelques minutes dans de gros fauteuils de grand-mère, dans une pièce à la tapisserie vieillotte et décorée d’objets ramassés au fil des ans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Une des activités principales de Hoi An est de se faire faire du linge sur mesure. Un des quartiers rassemble une multitude de couturiers auxquels on expose une photo ou une idée. Ils nous montrent leurs rouleaux infinis de tissus et nous posent beaucoup de questions sur les détails du morceau qu’on désire. Le lendemain on revient pour un essayage, puis un peu plus tard dans la journée, on repart avec le produit fini (en espérant ne plus jamais changer de silhouette). Certains se font même faire des souliers sur mesure. C’est la seule ville où je vais voir des touristes bien habillés. Deux hommes qui se sont fait faire chacun un pantalon et veste assortie en soie couleur citron vert font fureur dans la ville.

 

        J’ai suivi les conseils de Flick et me suis inscrite à un cours de cuisine. En attendant le début du cours, je vois Bruno Blanchet débarquer avec sa petite équipe de tournage. Ils ont l’air occupé et le temps que je me déniaise pour aller leur parler, on m’appelle pour commencer. J’aurais aimé aller lui dire à quel points ses livres sont une inspiration et lui demander des conseils de backpacker. Prochaine fois.

      L’activité commence par une visite du marché. J’ai toujours adoré les marchés et celui-ci est débordant de choses à voir. On évolue au milieu des poissons qui essaient de s’échapper de leur seau, de crabes aux pinces bandées et des têtes de cochons disposées en décoration. Notre guide nous énumère plein de noms de fruits et légumes que j’ai du mal à comprendre mais que j’aimerais goûter un à un.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        La chef commence par nous raconter l’importance de bien faire à manger pour rendre son mari heureux, et surtout sa belle-mère, qui traditionnellement vit avec eux. Elle nous fait faire de succulents plats, dont un pancake de riz aux légumes et une salade de mangue que je n’ai pas réussi à reproduire aussi bien chez moi. Va falloir que j’y retourne.

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Phong Nha Ke Bang

PHONG NHA KE BANG

MIRACLE GÉOLOGIQUE

Mars 2014

      Le parc national Phong Nha Ke Bang est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2003; il renferme un réseau de plus de trois cents grottes et cavernes dont certaines habitées par tout un écosystème. S’y rendre a été compliqué, mais la frustration des réponses contradictoires à nos demandes de renseignements a vite été oubliée devant l’accueil chaleureux de la ville de Son Trash.

        Un des bus qui nous y a amené a fait un arrêt surprise à la frontière entre le Nord et le Sud du pays, très importante durant la guerre du Vietnam. Il s’y trouve un musée racontant l’histoire du pays et ses étapes importantes. On suit notre guide le long de la côte, contents de prendre l’air dans cette journée de transport sans fin et contemplant le paysage, quand je me rends compte que le chemin nous mène vers des tunnels. Mon sang se glace au souvenirs des tunnels de Cu Chi et c’est à reculons que je suis le groupe. Pourtant, cette expérience devient très intéressante. Nous sommes dans les tunnels de Vinh Moc, un véritable village à plusieurs étages, allant jusqu’à trente mètre de profondeur. C’était un lieu de vie pour ceux qui devaient fuir leur maison, sans aucun endroit où aller. On passe devant des chambres, une salle de meeting et une maternité ! C’est très difficile de concevoir que des centaines de personnes vivaient là et ne devait pas voir le soleil très souvent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

          Au matin, à Son Trash, je fais la connaissance d’autres voyageurs en déjeunant, et un groupe se forme pour engager un chauffeur et aller visiter des grottes. J’ai juste le temps d’aller au seul ATM de la ville. Étant arrivée le soir, je n’avais rien vu du cadre de la ville. Alors que je marche d’un pas rapide pour aller retirer de l’argent, je m’arrête d’un coup quand je réalise que je suis dans un paysage de carte postale du Vietnam. En arrière des charmantes maison s’élèvent de belles grandes montagnes étroites et arrondies, magnifiées par des nuages bien placés.

        Sur le chemin, on embarque Leonard, un hollandais, qui nous demande s’il peut utiliser notre chauffeur pour le déposer quelque part. Bien sûr Leonard ! La voiture s’arrête semble-t-il aléatoirement sur le bord de la route et notre hollandais disparaît en une seconde dans la forêt. On s’inquiète moindrement, car il a l’air d’être le genre d’homme à pouvoir négocier sa vie en 34 langues, et se fabriquer un abris de secours en feuilles de palmiers avec un bout de corde et un couteau suisse qu’il a probablement dans son sac à dos de baroudeur expérimenté. On va passer la journée à lui inventer des aventures.

              Notre premier arrêt se fait à la Paradise Cave, nouvellement ouverte pour le public. Elle ferait 31 km de long, dont un praticable par les visiteurs. Même les claustrophobes ne doivent pas se sentir perturbés ici tellement il y a d’espace. Les volumes et détails des pierres sont parfaitement rendus grâce à un éclairage bien étudié. Les stalactites et stalagmites défient les lois de la gravité et on se sent bien petits devant ce spectacle de la Nature. L’Unesco estime qu’ “il s’agit d’un site d’une importance considérable pour améliorer nos connaissances de l’histoire géologique, géomorphique et géochronologique de la région” et on comprend facilement pourquoi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

           Ensuite c’est le tour de la Dark Cave. On nous prête une lampe frontale, un casque de construction, un beau gilet de sauvetage et en avant sur des kayak pour se rendre à l’entrèe. La grotte porte bien son nom puisque assez vite, elle est seulement éclairée pour nos lampes frontales. On nous fait avancer pieds nus dans des couloirs boueux étroits. Sur le chemin, on croise une très grosse araignée toute blanche. J’imagine qu’elle n’a jamais dû voir le soleil.

         Par moments, notre guide nous fait éteindre nos lampes pour ressentir toute l’atmosphère de cet abris sous-terrain. J’ai l’impression d’entendre mon coeur battre dans ma poitrine et je repense à notre amie l’araignée, qui doit avoir une famille pas loin. Peut-on rallumer les lumières maintenant ? Pour se nettoyer avant de sortir, on se baigne dans un petit lac souterrain au bleu-vert que je n’avais encore jamais vu.

          Le soir on retrouve Leonard à notre auberge, qui nous raconte comment il s’est fait inviter à partager le repas d’une famille du village d’à côté, et traversé des rivières et prairies pour revenir. Sacré Leonard.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

       Le lendemain, c’est en bateau dragon qu’on se rend vers la grotte Phon Nha. La visite se fait sans quitter l’embarcation qui nous fait lentement contourner des sculptures de calcaire et on vogue sous des stalactites qui ressemblent à de luxueux lustres. La suivante est Dong Tien Son dans laquelle on monte trois cents marches le long de parois sculptées par le temps. 

        C’est une expérience unique de pouvoir observer ces miracles géologiques et je me vois m’y asseoir pendant des heures comme on peut le faire dans un parc, à lire ou juste observer le paysage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     En après-midi, Liz et moi voulons explorer un peu le village au-dessus de la terre et ses beaux paysages. Des vélos de location nous promènent entre champs et rizières, où les habitants arborants des « non là », célèbres chapeaux coniques, nous sourient et nous disent bonjour. On croise des personnes promenant leurs buffles en laisse, comme d’autres promènent leurs chiens. C’est une autre culture.

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Hanoï

HANOÏ

JARDINS DE FLEURS ET POUPÉE DE CIRE

Mars 2014

        J’ai rencontré beaucoup de monde durant ce voyage qui ont commencé leur périple à Hanoï et n’ont pas aimé la ville, et je comprends pourquoi en arrivant. C’est une ville sombre, bruyante et grouillant de motos folles. Descendre de l’avion pour arriver dans ce fouillis doit être une épreuve difficile; heureusement les deux derniers mois à errer dans l’Asie du sud-est ont été une préparation qui m’aide dépasser le chaos et à apprécier la ville. Les rues sont étroites et encombrées et les rez-de-chaussé sont souvent des magasins assez quelconques, mais les balcons aux étages sont de vrais jardins mêlés d’étendoirs à linges et de divers objets merveilleux. Dans les rues, on y croise un barbier installés sur le trottoir à un carrefour, des vendeurs de fruits, chaussures ou beignes qui transportent leur marchandise sur leurs vélos. Pour traverser la rue, inutile d’attendre une accalmie du flux incessant de deux roues. Il faut, tel Indiana Jones dans la Dernière Croisade, faire un pas après l’autre le coeur rempli de foi en la capacité des chauffeurs à vous contourner. Et ils le font. Quand je n’en peux plus de devoir dévier mon chemin aux deux mètres pour éviter quelque chose ou quelqu’un, je vais faire quelques tours du lac Hoan Kiem, histoire d’avoir une marche ininterrompue quelques minutes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         Hanoï est aussi très chargée culturellement. On y croise tour à tour des membres de la Dalat family, et entre deux boissons rafraîchissantes sur des terrasses aux entrées cachée, on visite ensemble quelques musées de la ville. Par exemple, le temple de la littérature fut une école fondée au 11ème siècle pour enseigner la philosophie de Confucius. Étendue sur cinq cours, elle exhibe de belles sculptures et des jardins aux mille couleurs et senteurs. Aujourd’hui elle sert de décor aux remises de diplômes et à la démonstrations de différents aspects de la culture vietnamienne pour les touristes. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        Le mausolée d’Hô Chi Minh est très particulier. On dirait l’entrée pour un concert très attendu avec ses lignes humaines qui se dirigent vers un grand complexe. Alors que j’attends un espace entre les motos pour traverser la rue (je ne suis pas encore très réveillée et ma foi pas très forte), une vieille dame me prend par le bras et me guide entre les véhicules. Ce sont ces petits moments là qui donnent un sens à tout le voyage. 

       On ne plaisante pas avec la sécurité ici. Dès qu’on s’écarte de quelques centimètres, même pour saluer un camarade voyageur un peu plus loin, on se fait immédiatement rappeler à l’ordre et remettre dans le droit chemin. On a pas le droit de prendre de photos, d’avoir les épaules et genoux découverts, ni les mains dans les poches, et j’ai pas très envie de défier l’autorité qui est de celles qui n’ont pas l’air d’avoir le sens de l’humour. 

         Je suis Liz sur ce coup là, pensant aller voir le demeure de cet ancien chef d’État et fondateur du pays tel qu’il est aujourd’hui. Je ne m’attendais pas du tout à me retrouver en quelques minutes devant son corps embaumé. La file nous fait contourner son cercueil de verre. Je me fais confirmer plusieurs fois ce que je viens de voir, tellement l’histoire me paraît incroyable et le corps ressemble à une statue de cire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         À l’auberge, je rencontre Shona, une irlandaise venue participer à une traversée du pays en deux semaines à vélo. Elle a quelques jours avant le début de son aventure et décide de se joindre à Liz et moi pour notre exploration de la fameuse baie d’Along demain...

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LA BAIE D'ALONG

SALUTATION AU SERPENT

Mars 2014

        Shona vient me réveiller au petit matin. Quand elle a voulu réserver sur le même bateau que Liz et moi à la réception de notre hôtel, on lui a dit qu’il y avait un problème avec notre réservation. La bateau qu’on voulait est complet, et pour se faire pardonner ils nous ont trouvé une place sur une croisière plus luxueuse. On commence à avoir l’habitude de ces entourloupes et erreurs de calcul. Le tour qu’on a réservé est une croisière de trois jours et deux nuits, la première sur un bateau et la deuxième sur l’île Monkey. Il y a deux sortes de bateaux qui font ce genre de voyage: les party boats remplis de jeunes et d’alcool, et les honeymoon boats, pour les couples. Par défaut on a choisi le deuxième.

 

        Un bus vient nous chercher à l’hôtel, copiloté par Link, notre guide. Link est un moulin à parole. Il passe tout le trajet jusqu’à la mer à nous expliquer la croisière en détails (sans jamais être vraiment clair), des abus de la police vietnamienne, des régimes alimentaires des différentes régions, du système de retraite inexistant et j’en passe. Malheureusement, on a toutes mal dormi et le ciel gris foncé n’aidant pas, on se met dans le fond du bus, les écouteurs dans les oreilles, comme des adolescentes. 

        Arrivés sur la côte, une barque nous fait évoluer au milieu de dizaines de jonques, plus ou moins rassurantes. On est curieuses de savoir laquelle sera notre vaisseau pour les prochaines 24 heures, et on est rassurés quand on s’arrête devant un beau bateau. Link continue son discours sur le fonctionnement de l’air climatisé, la localisation des cabines et où le trouver en cas de problème, pendant qu’on nous mène dans la salle de repas. Il fait faim! Évidemment, il n’y a que des tables pour deux. On essaie de faire comprendre qu’on y tient à trois, mais Link insiste pour que l’une de nous se lie au seul autre célibataire le temps du repas, puisque, le savons-nous pas, cet endroit est réputé pour son romantisme, et de nombreux bébés ont été fabriqués ici. Deux est le nombre magique et indiscutable sur ce bateau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        Le brouillard se lève enfin, dévoilant les îles-montagnes. C’est magnifique et semble irréel. Un petit bateau nous emmène visiter une grotte digne d’une attraction de Star Wars à Disneyland. Du monde de partout et des lumières vives de toutes les couleurs. Après le parc Phong Nha Ke Bang, on est devenues difficiles. La visite est accompagnée des commentaires de Link, qui ne s’est toujours pas arrêté de parler. La baie d’Along, selon la légende, est un dragon pétrifié qui a attiré dans son giron une multitude d’autres animaux, formant ainsi deux mille îles. On monte au sommet de l’une d’elle, pour observer un incroyable panorama de petits bouts de terre pointus et d’embarcations mystiques. Entre les îles, des maisons flottantes sont regroupées en villages, ainsi protégées des typhons. Chaque maison-radeau a sa terrasse, corde à linge, chien et espace de vente. Elles semblent pouvoir s’interchanger comme dans une rubik’s cube aquatique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        Le début de soirée est animée par un cours de cuisine orchestré par notre pipelette de Link qui nous explique les talents culinaires de sa femme. Je commence à maîtriser le roulage de nems et c’est très gratifiant. On va ensuite discuter en groupe sur le toit du bateau. La nuit laisse apercevoir les silhouettes des montagnes et une multitude de petites lumières trahissent la présence des autres bateaux, dérivant autours de leurs points d’ancrage. On doit être des milliers dans les environs, et pourtant tout est très calme.

        Monsieur Hang, un malaisien, nous raconte qu’il est en crise de la quarantaine. Il a pensé à acheter une moto, mais a plutôt réfléchi au but de la moto, qui est de voyager. Lui et sa femme ont donc quitté leurs postes de bureaucrates pour ouvrir un restaurant japonais à Singapour. Pendant que leurs employés gèrent la place, ils peuvent parcourir le monde. De son côté, madame Hang nous explique comment manger un poulpe vivant. Il faut mâcher tout de suite et très très vite, sinon il colle ses tentacules à l’intérieur de notre bouche et dans la gorge, et c’est pas agréable. Elle nous vante aussi la cuisine de Singapour, où on peut manger de la langue de canard et de la méduse. Je passe.

Avec nous il y a aussi des anglais, des suisses, des israéliens et des australiens. Ces derniers nous demandent quels animaux ils faut craindre par chez nous. Ils sont très surpris quand on leur dit qu’à moins de croiser un ours dans le fond du bois, il n’y a même pas un serpent ou araignée de qui se méfier, alors qu’ils doivent être vigilants partout, même en ville.

 

        Au déjeuner, on nous explique plus ou moins que certains d’entre nous doivent quitter pour un autre bateau, on ne sait pas trop quand. Deux minutes plus tard, le quand est maintenant, et vite. Après quelques bateaux et une traversée de l’île Cat Ba, on se retrouve sur l’île Monkeys, à nous jusqu’à demain. On y est une dizaine, lancés sur une plage que de gros rochers séparent du reste de l’île. Des kayaks sont à notre disposition et Shona et moi nous lançons dans l’exploration au-delà des limites des rochers. Après plus de 24 heures pognée sur un bateau, ça fait beaucoup de bien d’avoir une activité physique! Mais dès qu’on s’éloigne, le courant change et essaie de nous mener au large, comme si tout était fait pour nous faire rester sur la plage. J’ai vu plusieurs films commencer comme ça…

        Le soir, on essaie de profiter d’une des rares télés que j’ai croisé dans ce voyage, dans le bungalow que je partage avec Liz. On se sent seules au monde, à la fois privilégiées et recluses. Le vent se lève, des interruptions de courants se mêlent aux branches des arbres qui tapent sur les fenêtres; j’ai déjà vu ce film…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        Un bateau nous ramène à la ville d’Halong Bay, sur la terre ferme. Il est temps parce qu’un typhon arrive et tous les circuits sont annulés. Je pense aux villages flottants et espère qu’ils vont bien aller, mais ils ont probablement l’habitude. C’est juste nous, petits occidentaux qui ne savons pas vivre avec les plus vifs éléments.

         Sept d’entre nous se font dire d’attendre à un restaurant qu’on vienne nous chercher pour retourner à Hanoï. On y reste plus d’une heure en espérant qu’on ne sera pas oubliés, parce qu’on sait très bien que ça peut arriver ici. Une van arrive finalement. C’est la fin du fantastique voyage dans la baie d’Along, et la séparation avec Shona et Liz, chacune vers de nouvelles aventures.

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SAPA

LES LIMBES DU VIETNAM

Mars 2014

        Les choix de couchettes pour les trains de nuit reliant Hanoï à Sapa sont les suivants:

  • soft sleep, un lit dans une cabine de quatre personnes, en général des touristes, belles toilettes et bouteille d’eau offerte,

  • hard sleep, un lit assez dur dans une cabine de six personnes de provenances mixtes,

  • hard seat, ce que j’ai choisi sans vraiment comprendre, à part que c’est le moins cher et le plus courant chez les locaux.

 

        En arrivant dans le train, je comprends mieux l’utilisation du terme hard seat. Ce sont les bancs en bois. En entrant dans le wagon, et en me demandant vraiment ce que je fais là, je me fais dévisager par toute la population. Même le contrôleur vient me voir pour vérifier si je ne veux pas payer l’extra pour aller en couchette en fin de compte. Je tiens mon bout, autant vivre l’expérience complètement.

        L’ambiance est joviale. Le wagon se remplit toujours un peu plus de voyageurs qui n’ont jamais plus qu’un petit sac à dos comme bagage. Une mère pose son bébé sur les premiers genoux venus pendant qu’elle entrepose des cartons sur le sol pour pour y dormir (à trois); ma voisine se sert de mon épaule comme dossier, le monde joue aux cartes, fume devant des panneaux d’interdiction, jouent à la chaise musicale. Le train a beau être sale, les gens retirent soigneusement leurs chaussures avant de mettre un pied sur un banc. Des vendeuses de friandises passent et repassent avec leur chariot de la largeur exacte du couloir, interdisant tout dépassement d’orteil.

        J’essaie de dormir un peu, bonnet sur la tête, écharpe (parce que l’altitude se fait ressentir), manteau de pluie et sac à dos comme oreiller, emboîtée entre mes voisins. Le train s’arrête souvent, se vidant et se remplissant de marchandises. Au petit matin, j’ai de plus en plus d’espace pour m’étaler, mais me rends compte que je ne sais pas vraiment à quelle gare m’arrêter, et rien sur mon billet ni les quais de gares ne donne d’information. Je me rapproche d’un couple de touristes que j’aperçois plus loin, devinant qu’on va au même endroit. On détermine ensemble que Lao Caï sera notre arrêt. Bon choix, un chauffeur envoyé par mon auberge tient une pancarte avec mon nom. Ça veut pas dire pour autant qu’il sait où m’amener, mais ça ne me choque plus, et on finit toujours par se rendre à destination.

 

        Sapa est une petite ville au milieu du désert montagneux, manifestement sponsorisée par North Face. Il y a plus de magasins d’équipement que n’importe quoi d’autre, mais au prix américain. À chaque pas on se fait proposer quelque chose à acheter. Après m’être payée un massage réparateur de dos (il faut ce qu’il faut), je m’isole dans mon auberge, avec vue sur la montagne. Enfin, quand il y a un trou dans les nuages. On a l’impression d’être dans les limbes; le brouillard évolue à vue d’oeil, s’invite dans les maison lorsqu’une porte s’ouvre, et nous enrobe de son humidité. Heureusement mon matelas est chauffant, ce qui évite de se coucher dans un lit mouillé (comme ma première nuit, n’ayant pas compris l’ampleur de la situation), mais au contraire sur un doux radiateur. Je rencontre Emerald, une sino-américaine, qui, durant ses études, partait quatre mois chaque été en voyage. Diplôme en poche, elle est partie d’abord enseigner au Japon, puis est maintenant depuis trois ans sur la route et a plus de cinquante étampes dans son passeport. Sa préférence va à l’Iran et à la Birmanie, dont elle me montre des photos magnifiques. Son projet maintenant est de visiter des écoles reculées pour inculquer un peu d’anglais et parler de son goût de l'exploration du monde aux enfants et professeurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        Je retrouve Cassandra et Maya, deux allemandes de la Dalat family. Elles se sont faites approcher par une habitante pour aller visiter son village. On embarque deux danois avec nous et on part à la rencontre de Ling et Mama Zing, deux belles-soeurs. Ling porte son bébé dans le dos et Mama Zing guide nos pas. D’abord on s’arrête acheter à manger. Elles rassemblent toute une liste d’ingrédients farfelus mais intrigants. S’ensuit trois heures de marche dans la montagne, nous en équipement spécialisé, essayant de suivre les deux vietnamiennes en sandales. Le paysage est somptueux; des rizières, champs de thé, et buffles par-ci par-là. On a l’impression de passer de valons en prairies, les montagnes jouant à cache cache avec les nuages jusqu’au village.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        Celui-ci est constitué de petites maisons très basiques, construites sur les pentes. Des murs et un toit, une chaise pour les aînés et une prise électrique pour recharger leur téléphone utile pour le business. On y retrouve la famille de nos guides. Pendant qu’elles préparent à manger, je regarde les enfants jouer à la toupie à côté des cochons (futurs repas) et se disputer la garde des bébés. Je demande à une mère où elle a accouché. Ici bien sûr! Avec son mari et sa mère près d’elle. S’il y a des complications, les femmes accouchent à l’hôpital, mais sinon, pourquoi s’embêter?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        Le repas succulent se finit par des shooters de vin de riz distillé par le mari de Ling. On essaie de lui faire comprendre qu’une limite doit être imposée si on veut pouvoir rentrer en ville, alors il continue tout seul. Il fait honneur à son breuvage.

        Le retour est moins fatigant, puisque Mama Zing nous mène à des chauffeurs qui nous ramènent en moto. C’est moins intéressant, mais ça ne lui tente pas de refaire un aller-retour et on ne pourrait certainement pas retrouver notre chemin tout seuls.

 

           Le lendemain, pendant que je réfléchis à mon plan de la journée assise sur la place du village, Mama Zing apparaît. Elle cherche les deux danois qui lui avaient donné rendez-vous et me demande où ils sont. Elle a du mal à comprendre comment on peut vivre dans la même maison et ne pas se voir. C’est que, Mama Zing, bien que petite, notre auberge est bien plus grande que ta maison, et comporte plusieurs pièces…

        Je lui demande conseil pour ma journée et elle me parle du village Cat Cat. Elle accepte de m’y accompagner, mais d’abord elle a faim. Son déjeuner de 4h du matin, avant d’aller cueillir le thé en haut de la montagne, comme tous les jours, est loin. Je la suis donc au marché, m'assois au milieu de toutes ces petites femmes bien vêtues, et mange un pho devant un étalage de pattes de poulets et autres douceurs de même.

 

 

      Elle me dit que j’ai cinq minutes pour aller prendre des photos avant notre départ. Cinq minutes plus tard, elle n’est plus là, mais tout le monde connait Mama Zing et sait qu’elle me cherche. Je dois rester là et on va aller la chercher.

        Cat Cat est une attraction touristique, mais le chemin en vaut la peine. On y accède par une longue descente dans la montagne, et donc on en revient par une longue montée, le soleil en puissance. Mama Zing a très chaud sous ses multiples épaisseurs de linge, mais pas question d’en retirer, puisque les broderies de ses manches, manteau, col et ceinture représentent son village; et en ville, on représente son village. Pendant une pause elle me raconte qu’elle a rencontré son mari à une fête du nouvel an, s’est mariée à 19 ans et a six enfants. Des fois, le soir, elle regarde la télé. Il y a une télé dans toutes les maisons? Non, chez une voisine, mais c’est comme si c’était chez moi. Je me demande quelle émission elle regarde.

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